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decins, s’enrichir dans la commission lucrative de percepteurs des impôts, et parvenir, par leur mérite, à des commandemens de villes et de provinces. On entendit un calife de la maison d’Abbas déclarer que les chrétiens étaient ceux qui méritaient le plus de confiance pour l’administration de la Perse. « Les musulmans, dit-il, abuseront de leur fortune actuelle ; les mages regrettent leur grandeur passée, et les Juifs soupirent après leur prochaine délivrance[1]. » [Leurs maux.]Mais les esclaves du despotisme sont exposés aux vicissitudes de la faveur et de la disgrâce. Les Églises de l’Orient ont été opprimées dans tous les siècles par la cupidité ou le fanatisme de leurs maîtres, et les gênes imposées par l’usage ou par la loi ont pu révolter l’orgueil et le zèle des chrétiens[2]. Environ deux siècles après Mahomet, on les distingua des autres sujets de l’empire ottoman par l’obligation de porter un turban ou une ceinture d’une couleur moins honorable ; on leur interdit l’usage

  1. Motadhed, qui régna depuis A. D. 892 jusqu’à l’année 902. Les mages conservaient encore leur nom et leur rang parmi les religions de l’empire (Assem., Bibl. orient., t. IV, p. 97).
  2. Reland expose les gênes que la loi et la jurisprudence des musulmans ont imposées aux chrétiens (Dissert., t. III, p. 16-20). Eutychius (Annal., t. II, p. 448) et d’Herbelot (Bibl. orient., p. 640) indiquent les tyranniques ordonnances du calife Motawakkel (A. D. 847-861), qui sont encore en vigueur. Le Grec Théophane raconte et vraisemblablement exagère une persécution du calife Omar II (Chron., p. 334).