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vait représenter son mauvais principe, le démon Ahriman, comme le rival ou comme la créature du dieu du jour. Les temples de la Perse n’offraient aucune image, mais on pouvait peindre comme une idolâtrie grossière et criminelle[1] le culte du Soleil et du Feu. L’exemple de Mahomet[2] et la prudence des califes décidèrent l’opinion en faveur du sentiment le plus modéré, et les mages ou les guèbres furent mis avec les juifs et les chrétiens au nombre des peuples de la loi écrite[3] ; au troisième siècle

    adopte l’opinion qui suppose que Zoroastre fut esclave et disciple d’un prophète juif durant la captivité de Babylone. Les Perses, qui ont été les maîtres des Juifs, revendiqueraient peut-être l’honneur, le misérable honneur d’avoir été aussi leurs précepteurs en fait d’opinions religieuses.

  1. Les mille et une Nuits arabes, tableau fidèle des mœurs de l’Orient, peignent des couleurs les plus odieuses les mages ou les adorateurs du Feu, à qui elles reprochent de sacrifier un musulman toutes les années. La religion de Zoroastre n’a pas la moindre affinité avec celle des Hindoux ; toutefois il n’est pas rare que les musulmans les confondent, et cette méprise a été une des causes de la cruauté de Timur. (Hist. de Timur-Bec, par Cherefeddin-Ali-Yezdi, l. v.)
  2. Vie de Mahomet par Gagnier, t. III, p. 114, 115.
  3. Hæ tres sectæ, judæi, christiani, et qui inter Persas magorum institutis addicti sunt κατ’εξοχην, populi liberi dicuntur (Reland, Dissert., t. III, p. 15). Le calife Al-Mamoun confirma cette honorable distinction qui séparait les trois sectes de la religion vague et équivoque des sabéens et à l’abri de laquelle on permettait aux anciens polythéistes de Charræ de se livrer à leur culte idolâtre. (Hottinger, Hist. orient., p. 167, 168.)