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pour récompense la mort qu’il avait méritée, mais ce ne fut pas de la main des Sarrasins ; les témoignages les plus irrécusables démentent ce qu’on dit de leur ingratitude envers les fils de Witiza. Les deux princes furent rétablis dans les domaines particuliers de leur père ; mais à la mort de l’aîné, qui se nommait Eba, sa fille fut injustement dépouillée par son oncle Sigebut de ce qui lui revenait de l’héritage de son père. La fille du prince goth plaida sa cause devant le calife Hashem, et elle obtint la restitution de ce qui lui appartenait ; mais on la donna en mariage à un noble Arabe, et ses deux fils Isaac et Ibrahim furent reçus en Espagne avec les égards dus à leur naissance et à leur fortune.

Prospérité de l’Espagne sous les Arabes.

Le nombre d’étrangers qui s’établissent dans une province conquise, l’empressement des vaincus à imiter leurs maîtres, donnent bientôt à la contrée un aspect semblable à celui du pays d’où sont sortis les vainqueurs ; et l’Espagne, qui avait vu tour à tour le sang des Carthaginois, des Romains et des Goths se mêler au sien, prit en peu de générations le nom et les mœurs des Arabes. Les premiers généraux et les vingt lieutenans du calife qui se succédèrent dans ce pays, amenèrent une suite nombreuse d’officiers civils et d’officiers militaires, qui aimaient mieux jouir au loin d’une vie aisée, que se trouver à l’étroit

    le visir du premier Abdalrahman, calife d’Espagne, qui avait pu s’entretenir avec quelques uns des soldats de Tarik. (Bibl. arabico-hispana, t. II, p. 36-139).