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enfin sept cent dix ans après la naissance de Jésus-Christ. En partant de ce premier port, ils firent dix-huit milles sur un terrain rempli de collines avant d’arriver au château et à la ville de Julien[1], à laquelle l’aspect verdoyant d’une pointe qui s’avance dans la mer fit donner le nom d’île Verte ; elle est encore connue sous celui d’Algeziras. La manière hospitalière dont ils furent accueillis, le nombre des chrétiens qui se joignirent à eux, leurs incursions dans une province fertile et mal gardée, la richesse de leur butin et la tranquillité de leur retour, furent regardés par leurs compatriotes comme les présages les plus favorables d’une victoire assurée. Dès les premiers jours du printemps suivant, cinq mille vétérans et volontaires s’embarquèrent sous les ordres de Tarik, guerrier habile et intrépide, qui surpassa les espérances de son chef Le trop fidèle Julien avait fourni des navires de transport. [Leur seconde descente. A. D. 711. Avril.]Les Sarrasins débarquèrent à la pointe d’Europe[2]. Dans le nom cor-

    des provinces soumises à César-Octavien ; et Tarragone, qui éleva le premier temple en l’honneur d’Auguste (Tacite, Annal., I, 78), put emprunter des Orientaux ce genre de flatterie.

  1. Le père Labat (Voyages en Espagne et en Italie, t. I, p. 207-217) parle avec son enjouement ordinaire de la route, du canton et du vieux château du comte Julien, ainsi que des trésors cachés, etc., auxquels croient les superstitieux Espagnols.
  2. Le géographe de Nubie (p. 154) décrit les lieux qui furent le théâtre de la guerre ; mais on a peine à croire que