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Première descente des Arabes en Espagne. A. D. 710. Juillet.

Musa, avant de confier une armée de fidèles aux traîtres et aux infidèles d’une terre étrangère, voulut faire de leur force et de leur véracité une épreuve moins dangereuse. Cent Arabes et quatre cents Africains passèrent de Tangier à Ceuta sur quatre navires ; le nom de Tarik, leur chef, annonce encore le lieu de leur débarquement, et la date de cet événement mémorable[1] est fixée au mois de ramadan de la quatre-vingt-onzième année de l’hégyre, ou si l’on veut, au mois de juillet 748, si l’on calcule comme les Espagnols, depuis l’ère de César[2], ou

    Arabes, son ami l’abbé de Longuerue ; et leurs travaux m’ont été fort utiles.

  1. Une méprise de Roderic de Tolède, dans la comparaison qu’il a faite des années lunaires de l’hégire avec les années juliennes de l’ère de César, a déterminé Baronius, Mariana et la foule des historiens espagnols à placer la première invasion des Arabes en l’année 713, et la bataille de Xérès au mois de novembre 714. Cet anachronisme de trois ans a été découvert par les chronologistes modernes, et surtout par Pagi (Critica, t. III, p. 169-171, 174), qui ont indiqué la véritable date de la révolution. M. Cardonne, qui était versé dans la littérature des Arabes, et qui cependant a adopté l’ancienne erreur, a montré sur ce point une ignorance ou une négligence inexcusables.
  2. La première année de l’ère de César, que la loi et le peuple d’Espagne ont suivie jusqu’au quatorzième siècle, est antérieure de trente-huit années à la naissance de Jésus-Christ. Elle me paraît se rapporter à la paix générale sur mer et sur terre, qui confirma le pouvoir et le partage des triumvirs. (Dion-Cassius, l. XLVIII, p. 547, 553 ; Appien, De bell. civ., l. V, p. 1054, édit. in fol.) L’Espagne était une