Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/309

Cette page a été validée par deux contributeurs.

toujours fiers de leur ancienne renommée, leur présomption devait les perdre dès le premier combat. L’ambitieux Sarrasin fut excité par la facilité et l’importance de cette conquête ; mais il ne voulut l’entreprendre qu’après avoir consulté le calife : son courrier rapporta une lettre de Walid, qui permettait de réunir les royaumes inconnus de l’occident à la religion et au trône des successeurs de Mahomet. Musa, à Tangier, entretenait secrètement et avec précaution sa correspondance avec Julien, et hâtait ses préparatifs ; mais pour ôter tout remords aux conjurés, il les assurait qu’il se contenterait de la gloire et du butin de l’expédition, et qu’il ne songerait point à établir les Arabes au-delà de la mer qui sépare l’Afrique de l’Europe[1].

  1. Les Orientaux Elmacin, Abulpharage et Abulféda passent sous silence la conquête de l’Espagne ou n’en disent qu’un mot. Le texte de Novairi et des autres écrivains arabes, se trouve, bien qu’avec quelque mélange, dans l’histoire de l’Afrique et de l’Espagne sous la dénomination des Arabes (Paris, 1765, 3 vol. in-12, t. I, p. 55-114), par M. de Cardonne ; et d’une manière plus concise dans l’histoire des Huns (t. I, p. 347-350), par M. de Guignes. Le bibliothécaire de l’Escurial n’a pas répondu à mes espérances ; et cependant il paraît avoir fouillé avec soin les matériaux sans liaison qui se trouvent sous sa garde. Des fragmens précieux du véritable Razis (qui écrivit à Cordoue, A. H. 300), de Ben-Hazil, etc., jettent du jour sur l’histoire de la conquête d’Espagne. (Voyez Bibl. Arabico-Hispana, t. II, p. 32-105, 106-182, 252-319, 332). Le savant Pagi a profité ici des lumières qu’avait sur la littérature des