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à trois mille six cents pas de tour, qu’il environna d’un mur de brique : en moins de cinq ans on vit s’élever autour du palais du gouverneur un nombre suffisant d’habitations particulières : on bâtit une mosquée spacieuse soutenue par cinq cents colonnes de granit, de porphyre et de marbre de Numidie, et Cairoan devint le siége des lumières aussi-bien que celui du gouvernement. Mais ce ne fut que dans des temps postérieurs qu’elle parvint à ce degré de gloire. Les défaites d’Akbah et de Zobeir ébranlèrent la nouvelle colonie, et les dissensions civiles de la monarchie des Arabes interrompirent encore les expéditions du côté de l’occident. Le fils du brave Zobeir soutint une guerre de douze ans et un siége de sept mois contre la maison des Ommiades. On dit qu’Abdallah réunissait la férocité du lion et l’astuce du renard ; mais s’il hérita du courage de son père, il n’en avait pas la générosité[1].

Conquête de Carthage. A. D. 692-698.

Le retour de la paix dans l’intérieur de l’empire permit au calife Abdalmalek d’achever la conquête de l’Afrique. Hassan, gouverneur de l’Égypte, fut

  1. Outre les Chroniques arabes d’Abulféda, d’Elmacin et d’Abulpharage sur la soixante-treizième année de l’hégyre, on peut consulter d’Herbelot (Bibl. orient., p. 7) et Ockley (Hist. of the Saracens, vol. II, p. 339-349). Ockley rapporte d’une manière pathétique le dernier entretien d’Abdallah et de sa mère ; mais il a oublié un effet physique de la douleur qu’elle éprouva à la mort de son fils ; le retour et les funestes suites de ses menses à l’âge de quatre-vingt-dix ans.