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sur Dieu et sur ses armes, qui avaient ébranlé les trônes de Chosroès et de César ; mais comparant la faible armée des musulmans et la grandeur de l’entreprise, il se repentit de son imprudence et écouta ses timides compagnons. L’orgueil et la puissance des anciens Pharaons étaient des idées très-familières aux lecteurs du Koran, et des prodiges renouvelés dix fois avaient à peine suffi pour effectuer, non la victoire, mais l’évasion de six cent mille des enfans d’Israël. L’Égypte avait un grand nombre de villes très-peuplées et fortement construites ; le Nil formait seul, de ses branches nombreuses, une barrière insurmontable, et les Romains devaient défendre avec opiniâtreté le grenier de la capitale de l’empire. Dans cet embarras, le calife s’en rapporta à la décision du sort, ou, selon son opinion, à celle de la Providence. L’intrépide Amrou était parti de Gaza, et marchait vers l’Égypte avec quatre mille Arabes seulement, lorsqu’il fut atteint par l’envoyé d’Omar. « Si vous êtes toujours en Syrie, disait la lettre équivoque du calife, retirez-vous sans délai ; mais si, à l’arrivée du courrier, vous êtes déjà sur la frontière d’Égypte, avancez avec confiance, et comptez sur le secours de Dieu et sur celui de vos frères. L’expérience, ou peut-être des avis secrets, avaient instruit Amrou à se défier de la stabilité des résolutions des cours, et

    (Annal., t. II, p. 296-323, vers. Pococke), patriarche melchite d’Alexandrie, qui vécut trois siècles après la révolution.