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contestées de Rome et de la Perse furent pour jamais effacées ; Édesse, Amida, Dara et Nisibis virent raser leurs murs, qui avaient résisté aux armes et aux machines de Sapor et de Nushirwan, et la lettre de Jésus-Christ non plus que l’empreinte de sa figure ne servirent de rien à la sainte ville d’Abgare auprès d’un conquérant infidèle. La mer borne la Syrie à l’occident, et la ruine d’Aredus, petite île ou péninsule située sur la côte, n’eut lieu que dix ans après. Mais les collines du Liban étaient couvertes de bois propre à la construction ; le commerce de la Phénicie offrait une multitude d’hommes de mer, et les Arabes équipèrent et armèrent une flotte de dix-sept cents barques, qui vit fuir devant elle les flottes de l’empire, depuis les rochers de la Pamphilie jusqu’à l’Hellespont. L’empereur, petit-fils d’Héraclius, avait été vaincu avant le combat par un songe et un jeu de mots[1] Les Sarrasins demeurèrent les maîtres de la Méditerranée et pillèrent successivement les îles de Chypre, de Rhodes et des Cyclades.

    Dara, A. D. 641 (Assemani, Bibl. orient., t. II, p. 103) ; et les lecteurs attentifs peuvent recueillir quelques détails incertains dans la Chronographie de Théophane (p. 285-287). La plupart des villes de la Mésopotamie se rendirent d’elles-mêmes (Abulpharage, p. 112).

  1. Il rêva qu’il était à Thessalonique ; songe tout-à-fait innocent et insignifiant ; mais son devin ou sa lâcheté lui firent un présage certain de défaite, caché dans ce funeste mot θες αλλῳ νιχην, donnez la victoire à un autre (Théoph., p. 286 ; Zonare, t. II, l. XIV, p. 88).