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laquelle les califes ont dû l’établissement de leur empire en Syrie et en Arabie, était fortifiée par l’opinion où il était que la Providence prenait de lui un soin particulier ; et tant qu’il porta une cape qu’avait bénie Mahomet, il se crut invulnérable au milieu des traits des infidèles.

Progrès des vainqueurs de la Syrie. A. D. 639-655.

Les musulmans qui moururent en Syrie après la conquête furent remplacés par leurs enfans ou par leurs compatriotes ; ce pays devint la résidence et le soutien de la maison d’Ommiyah ; et le revenu, les troupes et les navires d’un si puissant royaume furent consacrés à étendre de toutes parts l’empire des califes. Les Sarrasins méprisaient le superflu de gloire ; et leurs historiens daignent rarement indiquer les conquêtes inférieures qui se perdent dans l’éclat et la rapidité de leur course victorieuse. Au nord de la Syrie, ils passèrent le mont Taurus, ils subjuguèrent la province de Cilicie, et Tarse sa capitale, ancien monument des rois d’Assyrie. Arrivés au-delà d’une seconde chaîne des mêmes montagnes, ils répandirent le feu de la guerre plutôt que le flambeau de la religion jusqu’aux côtes de l’Euxin et aux environs de Constantinople. Du côté de l’orient, ils s’avancèrent jusqu’aux sources de l’Euphrate et du Tigre[1]. Les limites si long-temps

  1. Al-Wakidi avait écrit aussi une histoire de la conquête du Diarbekir ou de la Mésopotamie (Ockley, à la fin du second volume), que nos interprètes ne semblent pas avoir vue. La Chronique de Denis de Telmar, patriarche jacobite, raconte la prise d’Édesse, A. D. 637, et celle de