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peu nombreuse, déliant ses sujets de leur serment de fidélité[1]. Constantin, son fils aîné, se trouvait à la tête de quarante mille hommes dans Césarée, siége de l’administration civile des trois provinces de la Palestine. Mais ses intérêts particuliers l’appelaient à la cour de Byzance ; et après l’évasion de son père, il sentit qu’il ne pouvait résister aux forces réunies du calife. Son avant-garde fut attaquée avec intrépidité par trois cents Arabes et mille esclaves noirs qui, au milieu de l’hiver, avaient escaladé les neiges du Liban, et qui furent bientôt suivis des escadrons de Caled. Les Sarrasins postés à Antioche et à Jérusalem arrivèrent du nord et du midi, le long de la côte de la mer et se réunirent sous les murs des villes de la Phénicie. [Fin de la guerre de Syrie.]Tripoli et Tyr furent livrées par des traîtres, et une flotte de cinquante navires de transport qui entrèrent sans défiance dans les ports alors au pouvoir de l’ennemi, procurèrent aux musulmans un utile renfort d’armes et de munitions : leurs travaux furent bientôt terminés par la reddition inattendue de Césarée. Le fils d’Héraclius s’était embarqué pendant la nuit[2] ; et les citoyens se

  1. Voyez Ockley (vol. I, p. 308-312), qui tourne en ridicule la crédulité de son auteur. Lorsque Héraclius fit ces adieux à la Syrie : Vale, Syria, et ultimum vale, il prophétisa que les Romains ne rentreraient dans cette province qu’après la naissance d’un funeste rejeton, qui serait le fléau de l’empire (Abulféda, p. 68). Je ne connais point du tout le sens mystique de cette prédiction, qui peut-être n’en avait aucun.
  2. Au milieu de la chronologie obscure et peu exacte