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vous, et réduit vos enfans en servitude. » Des vallées profondes et des hauteurs escarpées défendaient la ville de toutes parts : depuis l’invasion de la Syrie, on en avait soigneusement réparé les murs et les tours ; les plus braves des guerriers échappés au carnage d’Yermuk s’étaient arrêtés dans cette place, qui se trouvait peu éloignée, et la défense du saint sépulcre devait allumer dans l’âme de tous ceux qui remplissaient la ville quelques étincelles de cet enthousiasme qui embrasait l’âme des Sarrasins. Le siége de Jérusalem dura quatre mois ; chaque jour fut marqué par quelque sortie ou quelque assaut ; les machines des assiégés jouèrent constamment du haut de leurs remparts, et l’inclémence de l’hiver fit encore plus de mal aux Arabes. Les chrétiens cédèrent enfin à la persévérance des musulmans. Le patriarche Sophronius se montra sur les murs, et se servant de l’organe d’un interprète, il demanda une conférence. Après avoir essayé en vain de détourner le lieutenant du calife de son entreprise impie, il demanda au nom du peuple une capitulation avantageuse, dont il proposa les articles avec cette clause extraordinaire, que l’exécution en serait garantie par l’autorité et la présence d’Omar. La question fut discutée dans le conseil de Médine ; la sainteté du lieu et l’opinion d’Ali déterminèrent le calife à remplir sur ce point les vœux de ses soldats et de ses ennemis, et la simplicité qu’il fit paraître dans ce voyage est plus remarquable que ne le fut jamais toute la pompe de l’orgueil et de la tyrannie. Le