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ces grands préparatifs, et quoique les chefs fussent bien décidés à combattre, ils assemblèrent un conseil de guerre : le pieux Abu-Obeidah voulait recevoir au lieu où il se trouvait la couronne du martyre : Caled fut sagement d’avis de faire une retraite honorable sur la frontière de la Palestine et de l’Arabie, où l’armée pourrait attendre le secours de ses amis et l’attaque des infidèles. Un courrier envoyé à Médine revint promptement avec les bénédictions d’Omar et d’Ali, les prières des veuves du prophète, et un renfort de huit mille musulmans. Ce petit corps battit sur sa route un détachement de Grecs, et en arrivant à Yermuk, où était le camp des Sarrasins, ils apprirent avec joie que Caled avait déjà mis en déroute et dispersé les Arabes chrétiens de la tribu de Gassan. Aux environs de Bosra, les sources de la montagne de Hermon se versent en torrent sur la plaine de Décapolis ou des dix villes, et l’Hieromax, dont le nom s’est changé par corruption en celui de Yermuk, se perd après un cours de peu de durée dans le lac de Tibériade[1]. Ses bords inconnus furent alors illustrés par une longue et sanglante ba-

  1. Voyez Reland, Palestine, t. I, p. 272-283 ; t. II, p. 773-775. Ce savant professeur était bien en état de décrire la Terre-Sainte, puisqu’il connaissait également la littérature grecque et latine, la littérature hébraïque et arabe. Cellarius (Géogr. antiq., t. II, p. 392) et d’Anville (Géogr. anc., t. II, p. 185) parlent de l’Yermuk ou de l’Hieromax. Les Arabes, et Abulféda lui-même, ne paraissent pas reconnaître le théâtre de leur victoire.