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Vers le coucher du soleil, la fatigue faisait tomber les armes de leurs mains ; ils allaient être précipites dans l’éternité, lorsqu’ils aperçurent un nuage de poussière qui venait à eux ; l’agréable son du tecbir[1] frappa leurs oreilles, et bientôt ils découvrirent l’étendard de Caled qui arrivait à leur secours de toute la vitesse des chevaux de sa troupe. Il renversa les bataillons chrétiens, et les poursuivit, sans cesser le carnage, jusqu’à la rivière de Tripoli. Ils abandonnèrent les richesses étalées à la foire, l’argent qu’ils avaient apporté pour leurs emplettes, le brillant appareil de la noce, la fille du gouverneur et quarante femmes de sa suite. Les fruits, les vivres, les meubles, l’argent, la vaisselle et les bijoux, furent promptement entassés sur le dos des chevaux, des ânes et des mulets, et les pieux brigands revinrent triomphans à Damas. L’ermite, après une courte et violente discussion qu’il eut avec Caled sur leurs religions respectives, refusa la couronne du martyre, et fut laissé en vie et seul sur ce théâtre de meurtre et de désolation.

    observe, dans une note, que l’utile chameau sert souvent de comparaison aux Arabes. Il y a lieu de croire que le renne n’est pas moins fameux dans les poésies des Lapons.

  1. « Nous entendîmes le tecbir, nom que donnent les Arabes à leur cri de guerre, lorsqu’au moment de combattre leur voix éclatante en appelle au ciel, et semble réclamer la victoire. » Ce mot si formidable dans leurs guerres sacrées, est un verbe actif (dit Ockley dans son index) de la seconde conjugaison, de kabbara, qui a la même signification que Alla acbar, Dieu est tout-puissant.