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s’approcher des villes : la pluie était continuelle, la nuit très-obscure ; ils n’étaient plus séparés des fugitifs que par une montagne, et Caled, toujours inquiet pour la sûreté de ses guerriers, confiait à son compagnon les fâcheux présages qu’il avait reçus en songe ; mais les premiers rayons du jour dissipèrent toutes ses craintes. Il aperçut devant lui, dans une agréable vallée, les tentes des chrétiens échappés de Damas. Après quelques momens consacrés au repos et à la prière, il divisa sa cavalerie en quatre corps : il confia le premier à son fidèle Derar, et se réserva le dernier ; ces quatre corps tombèrent l’un après l’autre sur une multitude en désordre, mal pourvue d’armes, et déjà vaincue par le chagrin et la fatigue. Excepté un captif qui obtint son pardon et qui fut renvoyé, les musulmans eurent la satisfaction de penser que pas un seul chrétien de l’un ou de l’autre sexe n’avait échappé au tranchant de leurs cimeterres. L’or et l’argent de Damas étaient répandus dans le camp ; les musulmans y trouvèrent plus de trois cents charges de vêtemens de soie, suffisans pour habiller une armée de Barbares. Jonas chercha et

    drell, p. 11, 12 ; Pococke, vol. II, p. 13). Si Caled n’eût pas atteint les chrétiens, ils auraient traversé l’Oronte sur un pont qu’ils n’auraient pas manqué de rencontrer à quelque point des seize milles qui forment la distance d’Antioche et de la mer, et ils auraient pu rejoindre à Alexandrie le grand chemin de Constantinople. Les Itinéraires indiquent la direction des routes et les distances (p. 146-148, 581-582, édit. de Wesseling).