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et a épargné aux fidèles la peine de combattre. — Et moi, lui répondit Caled indigné, ne suis-je pas le lieutenant du commandeur des fidèles ? n’ai-je pas pris la ville d’assaut ? Les infidèles périront par le glaive ; tombez sur eux ! » Les Arabes inhumains, et altérés de sang, allaient obéir à cet ordre désiré, et Damas était perdue si la bonté de cœur d’Obeidah n’eût pas été soutenue par l’autorité de son rang et sa noble fermeté ; il se jeta entre les citoyens épouvantés et les plus impatiens des Barbares ; il leur enjoignit, par le saint nom de Dieu, de respecter sa promesse, de suspendre leur fureur et d’attendre la résolution du conseil. Les chefs se retirèrent dans l’église de Sainte-Marie, et après une discussion véhémente, Caled se soumit, à quelques égards, à la raison et à l’autorité de son collègue, qui fit voir que la capitulation devait être sacrée, qu’il serait utile et honorable pour les musulmans de tenir exactement leur parole ; que si on inspirait la défiance et le désespoir au reste des villes de la Syrie, elles se défendraient avec une obstination qu’on surmonterait avec peine. Il fut convenu que l’épée serait remise dans le fourreau ; que la partie de Damas qui s’était rendue à Obeidah jouirait dès le moment même des avantages de la capitulation[1] ; et qu’en-

  1. Il paraît, d’après Abulféda (p. 125) et Elmacin (p. 32), que les souverains mahométans distinguèrent long-temps ces deux parties de la ville de Damas, quoiqu’ils ne respectassent pas toujours la capitulation. (Voyez aussi Eutychius Annal., t. II, p. 379, 380-383.)