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montraient les plus insensibles ou les plus opposées à la mission de Mahomet, demandèrent avec ardeur qu’on leur permît d’avoir part aux dépouilles de la Syrie.

Les Arabes retournent à Damas.

La douleur et l’épouvante portèrent promptement à Damas ces tristes récits, et les habitans virent du haut de leurs murs le retour des héros d’Aiznadin. Amrou à la tête de dix mille cavaliers, formait l’avant-garde. Les bandes de Sarrasins se suivaient l’une l’autre avec un appareil effrayant, et Caled, précédé de l’étendard de l’aigle noire, était à l’arrière-garde. Il avait confié à l’activité de Derar le soin de faire la patrouille autour de la ville avec deux mille cavaliers, de balayer la plaine, et d’intercepter tous les secours ou toutes les lettres qu’on voudrait envoyer dans la place. Les autres chefs arabes furent placés devant les sept portes, et le siége recommença avec une nouvelle vigueur et une nouvelle confiance. Dans les heureuses mais simples opérations des Sarrasins, il est rare d’apercevoir l’art, le travail et les machines de guerre des Grecs et des Romains : c’est avec des guerriers plutôt qu’avec des tranchées qu’ils investissaient une ville ; ils se contentaient de repousser les sorties des assiégés, ils tentaient une surprise ou un assaut, ou bien ils attendaient que la famine ou le mécontentement missent une place en leur pouvoir. Damas voulait se soumettre après la bataille d’Aiznadin, qu’elle regardait comme une sentence définitive prononcée contre l’empereur à l’avantage du calife ; l’exemple et l’autorité de Tho-