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tance de deux cent cinquante milles l’une de l’autre ; [La Mecque.]la dernière de ces saintes villes était connue des Grecs sous le nom de Macoraba ; et la terminaison du mot désigne sa grandeur, qui cependant, à l’époque la plus florissante, n’a jamais surpassé l’étendue et la population de Marseille. Il faut qu’un motif caché, tenant peut-être à quelque superstition, ait déterminé ses fondateurs à choisir une position si défavorable. Ils élevèrent leurs habitations de vase ou de pierre, sur une plaine d’environ deux milles de longueur et d’un mille de large, au pied de trois montagnes stériles. Le sol y est de roche ; l’eau, même celle du saint puits de Zemzem, y est amère ou saumâtre ; les pâturages sont éloignés de la ville, et les raisins qu’on y mange viennent des jardins de Tayef qui se trouve a plus de soixante-six milles. Les Koreishites qui régnaient à la Mecque, se distinguaient entre les diverses tribus arabes par leur réputation et leur valeur ; mais en même temps que la mauvaise qualité de leur terrain se refusait aux travaux de l’agriculture, ils étaient placés d’une manière avantageuse pour faire le commerce. [Son commerce.]Ils entretenaient par le port de Gedda, éloigné seulement de quarante milles, une correspondance aisée avec l’Abyssinie, et ce royaume chrétien fut le premier asile des disciples de Mahomet. Les trésors de l’Afrique étaient portés à travers la péninsule à Gerrha ou Katif, ville

    p. 490) avait été recueilli de la bouche suspecte d’un renégat africain. Des Persans y comptaient six mille maisons. (Chardin, l. IV, p. 167.)