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les généraux eux-mêmes ont souvent offert et accepté des cartels[1]. Plus d’une lance fut brisée dans la plaine de Damas ; et lors de la première sortie des assiégés, Caled signala sa valeur personnelle. Il venait, à la suite d’un combat obstiné, de renverser et de faire prisonnier un des chefs chrétiens, guerrier qui, par sa haute taille et son intrépidité, était un adversaire digne de lui ; au même instant, il prit un cheval frais que lui avait donné le gouverneur de Palmyre, et se rendit en hâte à la première ligne de son armée. « Reposez-vous un moment, lui dit Derar son ami, et permettez-moi de vous remplacer ; votre lutte contre ce chien de chrétien vous a fatigué. — Ô Derar ! lui répondit l’infatigable Caled, nous nous reposerons dans le monde à venir ; celui qui travaille aujourd’hui se reposera demain. » Ce fut avec la même ardeur qu’il répondit au défi d’un autre champion, le combattit et le renversa encore sur la poussière ; et indigné du refus que firent ces deux captifs d’abandonner leur religion, il fit jeter leurs têtes dans la ville. Le mauvais succès de plusieurs actions générales et particulières obligea les habitans de Damas à se tenir à couvert derrière leurs murailles. Un messager qu’ils descendirent du haut des

  1. Voltaire, qui jette un coup d’œil vif et perçant sur la surface de l’histoire, a été frappé de la ressemblance qui se trouve entre les premiers musulmans et les héros de l’Iliade, entre le siége de Troie et celui de Damas. (Hist. générale, t. I, p. 348.)