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Chine[1]. Le vertueux Taitsong[2], premier roi de la dynastie des Tang, peut être avec justice comparé aux Antonins : son peuple vivait dans la paix et la prospérité, et quarante-quatre tribus de Tartares reconnaissaient ses lois. Cashgar et Khoten, garnisons de ses frontières, entretenaient des communications fréquentes avec les peuplades qui habitaient les environs du Jaxartes et de l’Oxus. Une colonie de Persans, depuis peu établie à la Chine, y avait introduit l’astronomie des mages ; et Taitsong put voir avec crainte les rapides progrès et le dangereux voisinage des Arabes. L’influence et peut-être les secours du gouvernement de la Chine ranimèrent l’espoir de Yezdegerd et le zèle des adorateurs du feu ; il s’avança à la tête d’une armée de Turcs, pour reconquérir le royaume de ses pères. Les fortunés musulmans eurent, sans tirer leurs épées, le spectacle de sa défaite et de sa mort. Le petit-fils de Chosroès fut trahi par un de ses serviteurs, insulté par les habitans révoltés de Merou, et attaqué, défait, pour-

  1. Eo redegit angustiarum eumdem regem exulem, ut Turcici regis et Sogdiani, et Sinensis auxilia missis litteris imploraret (Abulféda, Annal., p. 74). Fréret (Mémoires de l’Acad. des inscript., t. XVI, p. 245-255) et de Guignes (Hist. des Huns, t. I, p. 54-59), ont jeté beaucoup de jour sur les rapports de l’histoire de la Perse avec celle de la Chine. M. de Guignes donne des détails géographiques sur les frontières des deux pays (t. I, p. 1-43).
  2. Hist. Sinica, p. 41-46, dans la troisième partie des Relations curieuses de Thévenot.