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tomba peu à peu en ruines. Les Sarrasins n’en aimaient ni la température ni la situation, et le général d’Omar lui conseilla de transférer le siége du gouvernement sur la rive occidentale de l’Euphrate. Dans tous les temps, la fondation et la ruine des villes d’Assyrie ont été faciles et promptes. Le pays est dénué de pierres et de bois de charpente ; les édifices les plus solides[1] sont de briques cuites au soleil et réunies par un ciment de bitume, production du pays. Le nom de Cufa[2] ne peut rappeler d’autre idée que celle d’une habitation bâtie de roseaux et de terre ; mais une riche, nombreuse et courageuse colonie de vétérans peuplait alors cette nouvelle capitale, à laquelle elle donnait de l’importance : les plus sages d’entre les califes, craignant de provoquer la révolte de cent mille guerriers, toléraient leurs habitudes de licence. « Habitans de Cufa, disait Ali, qui sollicitait leur secours, vous vous êtes toujours distingués par votre valeur. Vous avez vaincu le roi de Perse, vous avez tenu ses forces dispersées jusqu’au moment où vous vous êtes emparés de son héritage. » Les batailles de Jalula et de Nehavend achevèrent cette grande conquête. Après la perte de

  1. La tour de Belus à Babylone et le vestibule de Chosroès à Ctésiphon sont les ruines les plus considérables de l’Assyrie. Elles ont été visitées par Pietro della Valle, voyageur curieux et vain (t. I, p. 713-718, 731-735).
  2. Consultez l’art. Coufah de la Bibliothéque de d’Herbelot (p. 277-278), et le second vol. de l’Histoire d’Ockley, surtout les pages 40 et 153.