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seurs d’Auguste et ceux des successeurs d’Artaxercès, et les deux monarchies rivales devinrent au même instant la proie d’un ennemi qu’elles avaient été si long-temps accoutumées à mépriser. Durant les dix années du règne d’Omar, les Sarrasins réduisirent sous son obéissance trente-six mille villes ou châteaux ; ils détruisirent quatre mille églises ou temples de mécréans, et élevèrent quatorze cents mosquées pour l’exercice de la religion de Mahomet. Un siècle après son évasion de la Mecque, ses successeurs donnaient des lois des frontières de l’Inde à l’Océan Atlantique ; 1o. à la Perse, 2o. à la Syrie, 3o. à l’Égypte, 4o. à l’Afrique, et 5o. à l’Espagne. Je suivrai cette division générale dans le récit de tant de conquêtes mémorables ; je raconterai en peu de mots celles qui ont rapport aux parties de l’Orient les plus éloignées et les moins intéressantes ; je serai plus détaillé sur les contrées qui faisaient partie de l’Empire romain. Mais pour faire excuser les imperfections de cette partie de mon ouvrage, je dois former de justes plaintes sur l’aveuglement et l’insuffisance des guides auxquels j’ai été réduit. Les Grecs, si verbeux dans la controverse, n’ont pas mis beaucoup de soin à célébrer les triomphes de leurs ennemis[1]. Le pre-

  1. Les historiens de Byzance offrent à peine quelques monumens originaux sur les septième et huitième siècles, si l’on en excepte la Chronique de Théophane (Theophanis confessoris chronog. gr. et lat., cum notis Jacobi Goar., Paris, 1655, in-fol.) et l’Abrégé de Nicéphore (Nicephori patriarchæ C. P. Breviarium historicum, græc. et lat., Paris, 1648,