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ou trois siècles, la postérité d’Abbas, oncle de Mahomet, s’était accrue au nombre de trente-trois mille personnes[1] : la race d’Ali peut s’être multipliée dans la même proportion ; le dernier individu de cette famille était au-dessus du premier et du plus grand des princes, et les plus illustres d’entre eux passaient pour être plus parfaits que les anges ; mais le malheur de leur situation et la vaste étendue de l’empire musulman offraient une ample carrière aux imposteurs adroits ou audacieux qui cherchaient à se faire un titre de quelques prétendus rapports de parenté avec cette race sacrée. Ce titre vague et équivoque a consacré le sceptre des Almohades en Espagne et en Afrique, des Fatimites en Égypte et en Syrie[2], des sultans de l’Yémen et des sophis de la Perse[3].

  1. L’année de l’hégyre 200 (A. D. 815). Voyez d’Herbelot, p. 546.
  2. D’Herbelot, p. 342. Les ennemis des Fatimites cherchaient à les rabaisser en leur attribuant une extraction, juive ; mais ils prouvaient très-bien leur descendance de Jaafar, qui fut le sixième iman ; et l’impartial Abulféda convient (Annal. moslem., p. 238) qu’ils étaient reconnus de plusieurs, qui absque controversiâ genuini suit Alidarum, homines propaginum suæ gentis exacte callentes. Il cite quelques lignes du célèbre scherif ou Rahdi, ego ne humilitatem induam, in terris hostium ? (Je soupçonne que c’était un édrisite de la Sicile.) cum in Egypto fit chalifa de gente Alii, quocum ego communem habeo patrem et vindicem.
  3. Les rois de Perse de la dernière dynastie, descendent du sheik Sefi, saint du quatorzième siècle, et par lui de Moussa Cassem, fils de Hosein, fils d’Ali (Olear., p. 967 ;