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tentes, et s’étaient fortifies par un fossé profond rempli de fagots allumes, selon l’usage des Arabes. Les ennemis s’avancèrent à regret, et un de leurs chefs, qui déserta suivi de trente guerriers, vint partager avec Hosein l’attente d’une mort inévitable. Dans les attaques corps à corps, ou dans les combats singuliers, le désespoir des Fatimites les rendit invincibles ; mais la multitude dont ils étaient environnés les accabla de loin d’un nuage de traits ; les chevaux et les hommes furent tués successivement : les deux partis consentirent à une trêve d’un moment pour l’heure de la prière ; et la bataille cessa enfin par la mort du dernier des compagnons d’Hosein. Seul alors, épuisé de fatigues et blessé, il s’assit à la porte de sa tente. Comme il buvait quelques gouttes d’eau pour se rafraîchir, un dard vint lui percer la bouche ; son fils et son neveu, deux jeunes gens de la plus grande beauté, furent tués dans ses bras. Il éleva alors vers le ciel ses mains couvertes de sang, et pria pour les vivans et pour les morts. Sa sœur sortit de la tente dans un accès de désespoir, conjurant le général des Cufiens de ne pas laisser égorger Hosein devant ses yeux ; une larme coula sur le visage vénérable du vieux général, et les plus hardis d’entre ses soldats reculèrent de tous côtés à l’approche du héros mourant qui s’offrait à leur glaive. L’impitoyable Shamer, nom détesté des fidèles, leur reprocha cette lâcheté, et le petit-fils de Mahomet mourut percé de trente-trois coups de lance ou de sabre. Les barbares foulèrent son corps à leurs pieds ;