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tère[1]. Le prophète amoureux oublia les intérêts de sa réputation dans ses intrigues avec Zeineb, épouse de Zeid, et avec Marie, captive égyptienne. Se trouvant un jour chez Zeid, son affranchi et son fils adoptif, il aperçut la belle Zeineb à demi nue, et laissa échapper une exclamation de désir et de dévotion. Le servile ou reconnaissant affranchi comprit ce que voulait l’apôtre, et il se prêta sans hésiter à l’amour de son bienfaiteur ; mais les relations filiales qui se trouvaient entre eux ayant excité une espèce de scandale, l’ange Gabriel qui descendit du ciel ratifia ce qui s’était passé ; il annulla l’adoption et reprocha au prophète, avec douceur, de se défier de l’indulgence de Dieu. Hafna, fille d’Omar, l’une des femmes de Mahomet, le surprit sur son propre lit dans les bras de la captive égyptienne ; elle promit de lui pardonner et de garder le secret ; il jura de son côté qu’il renoncerait à Marie. Ils oublièrent tous les deux leurs engagemens, et l’ange Gabriel descendit encore une fois du ciel avec un chapitre du Koran qui absolvait Mahomet de son serment et l’exhortait à jouir en liberté de ses captives et de ses concubines, sans s’occuper des clameurs de ses femmes. Durant une retraite de trente jours qu’il fit avec Marie, il remplit de son mieux les ordres de l’envoyé de Dieu.

  1. Le calife Omar décida, dans un cas mémorable, que tous les témoignages de présomption ne compteraient point, et que les quatre témoins devaient avoir vu stylum in pixide. (Abulféda, Annales Moslemici, p. 71, vers. Reiske.)