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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. I.

grossiers, il était représenté sous la forme d’une pierre. Les augures avaient interprété cette obstination du dieu Terme de la manière la plus favorable : c’était, selon eux, un présage certain que les bornes de la puissance romaine ne reculeraient jamais[1]. Cette tradition s’était toujours conservée ; et, comme il arrive d’ordinaire, la prédiction du fait, pendant un grand nombre de siècles, en assura l’accomplissement. Mais, quoique le dieu Terme eût résisté à la majesté de Jupiter, il fut obligé de se soumettre à l’autorité d’Adrien[2]. [Conquêtes rendues par Adrien.]Cet empereur commença son règne par renoncer aux nouvelles conquêtes de Trajan. Les Parthes recouvrèrent le droit de s’élire un souverain indépendant ; il retira les troupes romaines des places où elles étaient en garnison en Arménie, en Assyrie et dans la Mésopotamie. Adrien reprit le système d’Auguste, et le cours de l’Euphrate servit de nouveau de frontière à l’empire[3]. L’envie, qui ne manque pas de censurer les actions publiques et les vues particulières des princes, s’est efforcée d’attribuer à des motifs de jalousie une con-

  1. Ovid. Fast. l. II, v. 667. Voy. Tite-Live et Denis d’Halicarnasse, au règne de Tarquin.
  2. Saint Augustin prend beaucoup de plaisir à rapporter cette preuve de la faiblesse du dieu Terme et de la vanité des augures. Voyez De Civitate Dei, IV, 29.
  3. Voyez l’Histoire Auguste, p. 5, la Chronique de saint Jérôme et tous les Epitomes. Il est assez singulier que cet événement mémorable ait été omis par Dion, ou plutôt par Xiphilin.