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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. I.

seconde fois exception aux préceptes d’Auguste, avait environ quatre cents lieues de circonférence : les limites naturelles de cette province étaient le Niester, le Theiss ou Tibisque, le bas Danube et le Pont-Euxin. On voit encore aujourd’hui les vestiges d’un chemin militaire depuis le Danube jusque auprès de Bender, place fameuse dans l’histoire moderne, et qui sert maintenant de frontière à l’empire ottoman et à la Russie[1].

Conquêtes de Trajan en Asie.

Trajan était avide de gloire. Tant que le genre humain continuera de répandre plus d’éclat sur ses destructeurs que sur ses bienfaiteurs, la soif de la gloire militaire sera toujours le défaut des caractères les plus élevés. Les louanges d’Alexandre, transmises par une succession de poètes et d’historiens, avaient allumé dans l’âme de Trajan une émulation dangereuse. À l’exemple du roi de Macédoine, l’empereur romain entreprit une expédition contre les peuples d’Orient ; mais il soupirait, en faisant réflexion que son âge avancé ne lui laissait pas l’espoir d’égaler la réputation du fils de Philippe[2]. Cependant les succès de Trajan, quoique de peu de durée, furent brillans et rapides : il mit en déroute les Parthes, dégénérés et affaiblis par des guerres intestines. Il parcourut en triomphe les bords du Tigre,

  1. Voyez un mémoire de M. d’Anville, sur la province de Dacie, dans le recueil de l’Académie des inscriptions, tom. XXVIII, p. 444-468.
  2. Les sentimens de Trajan sont représentés au naturel et avec beaucoup de vivacité dans les Césars de Julien.