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mettre fin à ces troubles. Mais, dans le moment que l’animosité des factions paraissait éteinte, elle se rallumait avec une nouvelle violence. Les soldats, ennemis du sénat et du peuple, méprisaient un prince qui manquait de courage ou de moyens pour se faire respecter[1].

Mécontentement des prétoriens.

Après la mort du tyran, son armée formidable avait reconnu, plus par nécessité que par choix, l’autorité de Maxime, qui s’était transporté sans délai au camp devant Aquilée. Dès que ce prince eut reçu des troupes le serment de fidélité, il leur parla avec beaucoup de modération et de douceur ; il leur reprocha moins qu’il ne déplora les affreux désordres des temps, et il les assura que de leur conduite passée, le sénat se rappellerait seulement la générosité avec laquelle ils avaient abandonné la cause d’un indigne tyran, et étaient rentrés volontairement dans leur devoir. Les exhortations de Maxime furent appuyées de grandes largesses ; et lorsqu’il eut purifié le camp par un sacrifice solennel d’expiation, il renvoya les légions dans leurs différentes provinces, se flattant que, fidèles désormais et obéissantes, elles conserveraient sans cesse le souvenir de ses bienfaits[2]. Mais rien ne fut capable d’étouffer le ressentiment des fiers prétoriens. Lorsqu’ils accompagnèrent les empereurs dans cette journée mémorable où ces princes entrèrent dans Rome au milieu

  1. Hérodien, l. VIII, p. 258.
  2. Id. ibid., p. 213.