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troupes ; et comme toute communication avait été interceptée, elles se persuadèrent que l’empire entier avait embrassé la cause du sénat, et qu’elles étaient destinées à périr sous les murailles imprenables d’Aquilée. Le farouche Maximin s’irritait du peu de succès de ses armes, qu’il attribuait à la lâcheté de son armée. Sa cruauté imprudente et désordonnée, loin de répandre la terreur, inspirait la haine et le plus juste désir de vengeance. Enfin, un parti de prétoriens, qui tremblaient pour leurs femmes et pour leurs enfans, enfermés près de Rome dans le camp d’Albe, exécuta la sentence du sénat. Maximin, abandonné de ses gardes, fut assassiné dans sa tente avec le jeune César, son fils, avec le préfet Anulinus, et avec les principaux ministres de sa tyrannie[1]. Leurs têtes, portées sur des piques, apprirent aux habitans d’Aquilée que le siége était fini : aussitôt ils ouvrirent leurs portes, et les assiégeans affamés trouvèrent dans les marchés de la ville des provisions de toute espèce. Les troupes qui venaient de servir sous les étendards de Maximin, jurèrent une fidélité inviolable au sénat, au peuple et à leurs légitimes empereurs, Balbin et Maxime. [Son portrait.]Tel fut le destin mérité d’un sauvage féroce, privé de tous les

  1. Hérodien, l. VIII, p. 279 ; Hist. Aug., p. 146. Aucun auteur n’a calculé la durée du règne de Maximin avec plus de soin qu’Eutrope, qui lui donne trois ans et quelques jours (l. IX, 1) : nous pouvons croire que le texte de cet auteur n’est pas corrompu, puisque l’original latin est épuré par la version grecque de Pæan.