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un titre légitime, le droit de ratifier l’élection d’un souverain ; et ils demandent, avec une modération apparente, qu’outre les deux empereurs déjà nommés par le sénat, on en choisisse un troisième dans la famille des Gordiens, comme une juste marque de reconnaissance envers ces deux princes, qui avaient sacrifié leur vie pour la république. Maxime et Balbin, à la tête des gardes de la ville et des plus jeunes de l’ordre équestre, entreprennent de se faire jour à travers les rebelles : la multitude, armée de pierres et de bâtons, repousse ces princes, et les force de se réfugier dans le Capitole. Il est prudent de céder lorsque la dispute, quelle que puisse en être l’issue, doit être fatale aux deux partis. Un enfant, âgé seulement de treize ans, petit-fils du vieux Gordien et neveu[1] du plus jeune, fut montré au peuple avec les ornemens et le titre de César. Cette facile condescendance apaisa le tumulte ; et les deux empereurs, après avoir été reconnus paisiblement dans Rome, se préparèrent à défendre l’Italie contre l’ennemi public.

Maximin se dispose à attaquer le sénat et son empereur.

Tandis qu’à Rome et dans le sein de l’Afrique les révolutions se succédaient avec une rapidité inconcevable, l’esprit de Maximin était déchiré par les passions les plus violentes. On prétend qu’il reçut, non en homme, mais en bête féroce, la nouvelle de la rebellion des Gordiens et du décret solennel rendu contre sa personne. Trop éloigné du sénat pour lui

  1. Fils, selon quelques-uns. (Note de l’Éditeur.)