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temps aux gouverneurs de quelques provinces plusieurs députés choisis parmi les plus distingués du sénat et de l’ordre équestre, pour les conjurer de voler au secours de la patrie, et de rappeler aux nations les nœuds de leur ancienne amitié avec le peuple romain. Le respect que l’on eut généralement pour ces députés, et l’empressement de l’Italie et des provinces à prendre le parti du sénat, prouve suffisamment que les sujets de Maximin étaient réduits à cet étrange état de malheur, dans lequel un peuple à plus à craindre de l’oppression que de la résistance. Le sentiment intime de cette triste vérité inspire un degré de fureur opiniâtre, qui caractérise rarement ces guerres civiles soutenues par les artifices de quelques chefs factieux et entreprenans[1].

Défaite et mort des deux Gordiens. A. D. 237. 3 juillet.

Mais tandis que l’on embrassait la cause des Gordiens avec tant d’ardeur, les Gordiens eux-mêmes n’étaient plus. La faible cour de Carthage avait pris l’alarme à la nouvelle de la marche rapide de Capellianus, gouverneur de la Mauritanie, qui, suivi d’une petite bande de vétérans et d’une troupe formidable de Barbares, fondit sur une province fidèle à son nouveau souverain, mais incapable de le défendre. Le jeune Gordien s’avança au-devant de l’ennemi, à la tête d’un petit nombre de gardes et d’une multitude indisciplinée, élevée dans le luxe et l’oisiveté de Carthage. Sa valeur inutile ne servit qu’à lui pro-

  1. Hérodien, l. VII, p. 247 ; l. VIII, p. 277 ; Hist. Aug., p. 156-158.