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meurtre du vertueux Alexandre, et à ratifier l’élection d’un paysan barbare[1], produisit alors l’effet contraire, et les excita à soutenir les droits violés de la liberté et de l’humanité. On connaissait la haine implacable de Maximin contre le sénat. Les soumissions les plus respectueuses ne pouvaient le fléchir ; l’innocence la plus réservée n’aurait point été à l’abri de ses cruels soupçons. Les sénateurs, déterminés par de pareils motifs et par le soin de leur propre sûreté, résolurent de courir le hasard d’une entreprise dont ils étaient bien sûrs d’être les premières victimes, si elle ne réussissait pas.

Ces considérations, et d’autres peut-être d’une nature plus particulière, avaient d’abord été discutées dans une conférence entre les consuls et les magistrats. Dès qu’ils eurent pris leur résolution, ils convoquèrent tous les sénateurs dans le temple de Castor, selon l’ancienne forme du secret[2], instituée pour réveiller leur attention et pour cacher leurs décrets. « Pères conscrits, dit le consul Syllanus, les Gordiens, revêtus tous les deux d’une dignité consulaire, l’un votre proconsul, l’autre votre lieutenant en Afrique, viennent d’être déclarés em-

  1. Quod tamen patres dùm periculo sum existimant, inermes armato resistere approbaverunt. Aurelius-Victor.
  2. Les greffiers et autres officiers du sénat étaient exclus, et les sénateurs en remplissaient alors eux-mêmes les fonctions. Nous sommes redevables à l’Hist. Aug., p. 157, de cet exemple curieux de l’ancien usage observé sous la république.