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Africains, qui honoraient leurs vertus, et qui, depuis le successeur de Trajan, n’avaient jamais contemplé la majesté d’un empereur romain. Mais ces vaines démonstrations ne pouvaient ni confirmer ni fortifier le titre des deux princes ; ils se déterminèrent, par principe autant que par intérêt, à se munir de l’approbation du sénat. Une députation, composée des plus nobles de la province, se rendit immédiatement dans Rome, pour exposer et justifier la conduite de leurs compatriotes, qui, après avoir souffert si long-temps avec patience, étaient maintenant résolus d’agir avec vigueur. Les lettres des nouveaux empereurs étaient modestes et respectueuses ; ils s’excusaient sur la nécessité qui les avait forcés d’accepter le titre impérial, et ils soumettaient leur destin à la décision suprême du sénat[1].

Le sénat ratifie l’élection des Gordiens.

Cette assemblée ne balança pas sur une réponse favorable, et les sentimens ne furent point partagés. La naissance et les nobles alliances des Gordiens les liaient intimement avec les plus illustres maisons de Rome. Leur grande fortune leur avait procuré beaucoup de partisans dans le sénat, et leur mérite un grand nombre d’amis. Leur douce administration faisait entrevoir dans un avenir brillant non-seulement la fin des calamités qui déchiraient l’état, mais encore le rétablissement de la république. La terreur inspirée par la violence militaire, qui d’abord avait forcé les sénateurs à fermer les yeux sur le

  1. Hérodien, l. VII, p. 243 ; Hist. Aug., p. 144.