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Taxe sur les legs et sur les héritages.

III. Lorsque l’empereur Auguste eut pris le parti d’avoir toujours sur pied un corps de troupes destinées à défendre son gouvernement contre les attaques des ennemis étrangers et domestiques, il réserva des fonds particuliers pour la paye des soldats, pour les récompenses des vétérans, et pour les dépenses extraordinaires de la guerre. Les revenus immenses de l’impôt sur les consommations, quoique employés spécialement à ces objets, ne furent pas trouvés suffisans. Pour y suppléer, l’empereur imagina une nouvelle taxe de cinq pour cent sur les legs et sur les héritages. Mais les nobles de Rome étaient beaucoup plus attachés à leurs biens qu’à leur liberté. Auguste écouta leurs murmures avec sa modération ordinaire. Il renvoya de bonne foi l’affaire au sénat, l’exhortant à trouver quelque autre expédient utile et moins odieux. Comme l’assemblée était divisée et indécise, l’empereur déclara aux sénateurs, que leur opiniâtreté le forcerait à proposer une capitation et une taxe générale sur les terres[1] ; aussitôt

    Tibère, qui venait de réduire le royaume de Cappadoce, diminua de moitié l’impôt sur les consommations ; mais cet adoucissement ne fut pas de longue durée.

  1. Dion ne parle ni de cette proposition ni de la capitation ; il dit seulement que l’empereur mit un impôt sur les fonds de terre, et envoya partout des hommes chargés d’en dresser le tableau, sans fixer comment et pour combien chacun devait y contribuer. Les sénateurs aimèrent mieux alors approuver la taxe sur les legs et héritages. (Note de l’Éditeur.)