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Administration sage et modérée.

Malgré cet acte cruel de jalousie, malgré l’avarice que l’on a reprochée quelquefois à Mammée, en général son administration fut également utile à son fils et à l’empire. Le sénat lui permit de choisir seize des plus sages et des plus vertueux de ses membres pour composer un conseil perpétuel. Toutes les affaires publiques de quelque importance étaient discutées et décidées devant ce nouveau tribunal, qui avait pour chef le fameux Ulpien, aussi célèbre par son respect pour les lois de Rome, que par ses profondes connaissances en jurisprudence. La fermeté et la sagesse de cette aristocratie contribuèrent à rétablir l’ordre et l’autorité du gouvernement. Les vils monumens élevés sous le dernier règne au luxe étranger et à la superstition asiatique subsistaient encore au milieu de Rome : on commença par détruire tout ce qui pouvait rappeler le caprice et la tyrannie d’Héliogabale. Les nouveaux conseillers éloignèrent ensuite de l’administration publique les indignes créatures de ce prince, leur donnèrent pour successeurs, dans chaque département, des citoyens vertueux et habiles. L’amour de la justice et la connaissance des lois servirent seuls de recommandation pour les emplois civils, et les commandemens militaires devinrent le prix de la valeur et de l’attachement à la discipline[1].

    cruauté de Mammée envers la jeune impératrice, dont Alexandre déplora la cruelle destinée, sans avoir la force de s’y opposer.

  1. Hérodien, l. VI, p. 203 ; Hist. Aug., p. 119. Selon ce