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Tandis que des femmes et des eunuques conduisaient avec vigueur une entreprise concertée avec tant de prudence, Macrin flottait entre la crainte et une fausse sécurité. Il pouvait, par un mouvement décisif, étouffer la conspiration dans son enfance : l’irrésolution le retint à Antioche. Un esprit de révolte s’était emparé de toutes les troupes campées en Syrie ou en garnison dans cette province. Plusieurs détachemens, après avoir massacré leurs officiers[1], avaient grossi le nombre des rebelles. La restitution tardive de la paye et des priviléges militaires, par laquelle Macrin espérait concilier tous les esprits, ne fut imputée qu’à la faiblesse de son caractère et de son gouvernement. [Défaite et mort de Macrin.]Enfin, l’empereur prit le parti de sortir à Antioche pour aller au-devant de son rival, dont l’armée pleine de zèle devenait tous les jours plus considérable. Les troupes de Macrin, au contraire, semblaient n’entrer en campagne qu’avec mollesse et répugnance. [A. D. 218, 7 juin.]Mais dans la chaleur du combat[2], les prétoriens, entraînés presque par une impulsion naturelle, soutinrent leur

    peut voir les détails de la conspiration dans Dion, l. LXXVIII, p. 1339, et dans Hérodien, l. V, p. 184.

  1. En vertu d’une dangereuse proclamation du prétendu Antonin, tout soldat qui apportait la tête de son officier pouvait hériter de son bien et être revêtu de son grade militaire.
  2. Dion, l. LXXVIII, p. 1345 ; Hérodien, l. V, p. 186. La bataille se donna près du village d’Immæ, environ à vingt-deux milles d’Antioche.