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part qu’il avait à la mort de son maître[1], elles n’aimaient ni n’estimaient son caractère : elles jetèrent les yeux de tous côtés pour découvrir un autre concurrent, et se déterminèrent enfin avec peine en faveur de leur préfet, séduites par des promesses d’une libéralité excessive et d’une indulgence sans bornes. [A. D. 217, 11 mars.]Peu de temps après son avènement, Macrin donna le titre impérial à son fils Diadumenianus, âgé seulement de dix ans, et le fit appeler Antonin, nom si cher au peuple. On espérait que la figure agréable du jeune prince, et les gratifications extraordinaires dont la cérémonie de son couronnement avait été le prétexte, pourraient gagner la faveur de l’armée, et assurer le trône chancelant du nouvel empereur.

Mécontentement du sénat.

Le sénat et les provinces avaient applaudi au choix des troupes, et s’étaient empressés de le ratifier. Il ne s’agissait pas de peser les vertus du successeur de Caracalla : la chute imprévue d’un tyran abhorré excitait partout des transports de joie et de surprise. Lorsque ces premiers mouvemens furent apaisés, on commença à examiner sévèrement les titres de chacun et à critiquer le choix précipité de l’armée. Jusque alors l’empereur avait été tiré de l’assemblée la plus auguste de la nation. Il semblait que la puissance souveraine, qui n’était plus exercée par le corps entier du sénat, devait toujours être déléguée à l’un de ses membres. Cette maxime, soutenue par une pratique constante, paraissait être un des prin-

  1. Hérodien, l. IV, p. 169 ; Hist. Aug., p. 94.