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HISTOIRE DE LA DÉCADENCE

leurs appartemens : on avait fortifié avec soin les portes et les passages ; et les sentinelles qui les gardaient se relevaient avec la même précaution que dans une ville assiégée. Les empereurs ne se voyaient qu’en public, en présence d’une mère affligée, entourés chacun d’une troupe nombreuse et toujours armée ; et même, dans les grandes cérémonies, la dissimulation, si ordinaire dans les cours, cachait à peine l’animosité des deux frères[1].

Négociations des deux frères pour diviser l’empire entre eux.

Déjà cette guerre intestine déchirait l’état, lorsqu’on proposa tout à coup un plan qui semblait également avantageux aux deux princes. On leur représenta que, puisqu’il leur était impossible de se réconcilier, ils devaient séparer leurs intérêts et se partager l’empire. Les conditions du traité furent soigneusement dressées : on convint que Caracalla, comme l’aîné, resterait en possession de l’Europe et de l’Afrique occidentale, et qu’il abandonnerait à son frère la souveraineté de l’Asie et de l’Égypte. Géta

    portèrent son nom, et si Caracalla habitait les jardins de Mécène sur le mont Esquilin, les frères rivaux étaient séparés l’un de l’autre par une distance de plusieurs milles ; l’espace intermédiaire était occupé par les jardins impériaux de Salluste, de Lucullus, d’Agrippa, de Domitien, de Caius, etc. Ces jardins formaient un cercle autour de la ville, et ils tenaient l’un à l’autre, ainsi qu’au palais, par des ponts jetés sur le Tibre, et qui traversaient les rues de Rome. Si ce passage d’Hérodien méritait d’être expliqué, il exigerait une dissertation particulière et une carte de l’ancienne Rome.

  1. Hérodien, l. IV, p. 139.