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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. V.

une révolution si subite. Il se flatta qu’il ne se présenterait aucun rival, et que son avènement au trône ne serait pas souillé par le sang des citoyens ; mais en s’occupant des vains honneurs du triomphe, il négligea de s’assurer de la victoire. Au lieu d’entrer en négociation avec les puissantes armées de l’Occident, dont les démarches devaient décider, ou au moins balancer le destin de l’empire ; au lieu de marcher sans délai à Rome, où il était attendu avec impatience[1], Niger perdit, dans les plaisirs d’Antioche, des momens précieux, dont le génie actif de Sévère profita habilement et d’une manière décisive[2].

Pannonie et Dalmatie.

Le pays des Pannoniens et des Dalmates, situé entre le Danube et l’extrémité de la mer Adriatique, était une des dernières conquêtes des Romains, et celle qui leur avait coûté le plus de sang. Deux cent mille de ces Barbares avaient pris à la fois les armes pour la défense de leur liberté, avaient alarmé la vieillesse d’Auguste, et exercé l’activité de Tibère, qui combattit contre eux à la tête de toutes les forces de l’empire[3]. Les Pannoniens se soumirent à la fin

  1. Dion, l. LXXIII, p. 1238. Hérodien, l. II, p. 67. Un vers qui était alors dans la bouche de tout le monde, semble exprimer l’opinion générale que l’on avait des trois rivaux :

    Optimus est Niger, bonus Afer, pessimus Albus.

    Hist. Aug., p. 75.
  2. Hérodien, l. II, p. 71.
  3. Voyez la relation de cette guerre mémorable dans