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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. III.

sénat, au milieu des acclamations ordinaires qui retentissaient à l’avénement d’un nouvel empereur, lui souhaita de passer, s’il était possible, Auguste en bonheur, et Trajan en vertus[1].

D’Adrien. A. D. 117.

Selon toutes les apparences, un monarque qui chérissait si tendrement sa patrie dut long-temps hésiter à revêtir de la puissance souveraine son neveu Adrien, dont le caractère singulier ne lui était pas inconnu. Mais l’artifice de l’impératrice Plotine sut fixer l’irrésolution de Trajan dans ses derniers momens : peut-être supposa-t-elle hardiment une fausse adoption[2]. Quoi qu’il en soit, il eût été dangereux d’approfondir la vérité : ainsi Adrien fut reconnu paisiblement dans tout l’empire. Nous avons déjà parlé de la prospérité de l’état sous son règne. Ce prince encouragea les arts, réforma les lois, resserra les liens de la discipline militaire, et parcourut lui-même toutes les provinces. Son génie vaste et actif embrassait également les vues les plus étendues, et les plus petits détails de l’administration ; mais la vanité et la curiosité furent ses passions dominantes. Comme elles étaient sans cesse excitées par une foule d’objets différens, on aperçut tour à tour dans Adrien

  1. Felicior Augusto, melior Trajano. Eutrope, VIII, 5.
  2. Dion (l. LXIX, p. 1249) regarde le tout comme une fiction, d’après l’autorité de son père, qui, étant gouverneur de la province où Trajan mourut, devait avoir eu de favorables occasions pour démêler ce mystère. Cependant Dodwell (Prælect. Camden, XVII) a soutenu qu’Adrien fut désigné successeur de Trajan pendant la vie de ce prince.