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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. III.

une distinction personnelle ; celui de César indiquait la famille illustre qui s’était frayé un chemin au trône. Il semblait que le premier dût expirer avec le prince qui l’avait reçu ; l’autre pouvait se transmettre par adoption, et passer avec les femmes dans une nouvelle branche. Néron aurait donc été le dernier prince qui eût eu le droit de réclamer une si noble extraction : cependant à sa mort, ces titres se trouvaient déjà liés, par une pratique constante, avec la dignité impériale ; et depuis la chute de la république jusqu’à nos jours, ils ont été conservés par une longue suite d’empereurs romains, grecs, francs et allemands. Il s’introduisit bientôt cependant une distinction entre ces deux titres. Le monarque se réservait le nom sacré d’Auguste, tandis que ses parens étaient plus communément appelés Césars. Tel fut, au moins depuis le règne d’Adrien, le titre donné à l’héritier présomptif de l’empire[1].

  1. Les princes qui, par leur naissance ou leur adoption, appartenaient à la famille des Césars, prenaient le nom de César. Après la mort de Néron, ce nom désigna la dignité impériale elle-même, et ensuite le successeur choisi. On ne peut assigner avec certitude l’époque à laquelle il fut employé pour la première fois dans ce dernier sens. Bach (Hist. jurispr. rom., p. 304) affirme, d’après Tacite (Hist. l. I, c. 15) et Suétone (Galba, c. 17), que Galba donna à Pison-Licinianus le titre de César, et que ce fut là l’origine de l’emploi de ce mot ; mais les deux historiens disent simplement que Galba adopta Pison pour successeur, et ne font nulle mention du nom de César. Aurel.-Victor (in Traj.,