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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. III.

ser le dernier des citoyens à ces emplois domestiques que les nobles les plus fiers de la Grande-Bretagne sont aujourd’hui si ambitieux d’obtenir dans la maison et dans le service personnel du chef d’une monarchie limitée.

Déification.

Si les empereurs peuvent être accusés d’avoir passé les bornes de la prudence et de la modestie qu’ils avaient eux-mêmes tracées, c’est lorsqu’ils ont voulu être mis au rang des dieux[1]. Ce culte impie et dicté par une basse adulation, fut institué dans l’Asie en l’honneur des successeurs d’Alexandre[2]. Des monarques il fut aisément transféré aux gouverneurs

    un Narcisse. Il peut arriver qu’un favori moderne soit de naissance honnête.

  1. Voyez un traité de Van-Dale, De consecratione principum. Il me serait plus aisé de copier, qu’il ne me l’a été de vérifier les citations de ce savant Hollandais.
  2. Cela est inexact. Les successeurs d’Alexandre ne furent point les premiers souverains déifiés ; les Égyptiens avaient déifié et adoré plusieurs de leurs rois ; l’olympe des Grecs était peuplé de divinités qui avaient régné sur la terre ; enfin, Romulus lui-même avait reçu les honneurs de l’apothéose (Tite-Live., l. I, c. 16) long-temps avant Alexandre et ses successeurs. C’est aussi une inexactitude que de confondre les hommages rendus dans les provinces aux gouverneurs romains, par des temples et des autels, avec la véritable apothéose des empereurs : ce n’était pas un culte religieux, car il n’y avait ni prêtres ni sacrifices. Auguste fut sévèrement blâmé pour avoir permis qu’on l’adorât comme un dieu dans les provinces (Tac., Annal., l. I, c. 10) ; il n’eut pas encouru ce blâme s’il n’eût fait que ce que faisaient les gouverneurs. (Note de l’Éditeur.)