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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. III.

CHAPITRE III.

De la Constitution de l’Empire romain dans le siècle des Antonins.

Idée d’une monarchie.

Une monarchie, selon la définition la plus générale, est un état dans lequel une seule personne, quelque nom qu’on lui donne, est chargée de l’exécution des lois, de la direction des revenus, et du commandement des armées ; mais, à moins que des protecteurs vigilans et intrépides ne veillent à la liberté publique, l’autorité d’un magistrat aussi formidable dégénère bientôt en despotisme. Dans le siècle de la superstition, le genre humain, pour assurer ses droits, aurait pu tirer parti de l’influence du clergé ; mais il existe une union si intime entre le trône et l’autel, que l’on a vu bien rarement la bannière de l’Église flotter du côté du peuple : une noblesse belliqueuse et des communes inflexibles, attachées à leur propriété, prêtes à la défendre les armes à la main, et réunies dans des assemblées régulières, sont la seule digue qui puisse sauver une constitution libre des attaques d’un prince entreprenant.

Situation d’Auguste.

La constitution de la république romaine n’existait plus ; la vaste ambition du dictateur l’avait renversée ; la main cruelle du triumvir lui porta les derniers coups. Après la victoire d’Actium, le destin