Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/175

Cette page a été validée par deux contributeurs.
167
DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. II.

récompensées[1] ; la médecine et l’astronomie étaient cultivées par les Grecs avec succès ; les observations de Ptolémée et les ouvrages de Galien sont encore étudiés aujourd’hui par ceux même qui ont perfectionné leurs systèmes et corrigé leurs erreurs ; mais, si nous en exceptons l’inimitable Lucien, ce siècle indolent ne produisit aucun écrivain de génie, aucun même qui ait excellé dans le genre des productions simplement agréables[2].

    Philostrate, l. I, p. 558. Les Antonins fondèrent à Athènes une école dans laquelle on entretenait des professeurs pour apprendre aux jeunes gens la grammaire, la rhétorique, la politique et les principes des quatre grandes sectes de philosophie. Les appointemens que l’on donnait à un philosophe étaient de dix mille drachmes, entre trois et quatre cents liv. sterl. par an. On forma de semblables établissemens dans les autres grandes villes de l’empire. Voyez Lucien, dans l’Eunuque, tom. II, p. 353, édit. Reitz ; Philost., l. II, p. 566 ; Hist. Aug., p. 21 ; Dion Cassius, l. LXXI, p. 1195. Juvénal lui-même, dans une de ses plus mordantes satires, où l’envie et l’humeur d’une espérance trompée se trahissent à chaque ligne, est cependant obligé de dire :

    O juvenes, circumspicit et stimulât vos,
    Materiamque sibi ducis indulgentia quærit.
    Sat. VII, 20.

  1. Ce fut Vespasien qui commença à donner un traitement aux professeurs : il donnait à chaque professeur d’éloquence, grec ou romain, centena sestertia. Il récompensait aussi les artistes et les poètes. (Suétone, in Vespas., c. 18.) Adrien et les Antonins furent moins prodigues, quoique très-libéraux encore. (Note de l’Éditeur.)
  2. Ce jugement est un peu sévère : outre les médecins, les astronomes, les grammairiens, parmi lesquels étaient des