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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. II.

dent était habité par des Barbares grossiers et belliqueux, qui, ou dédaignaient l’agriculture ou n’en avaient pas même la moindre idée. À l’abri d’un gouvernement fixe et assuré, les productions dont la nature avait enrichi des climats plus fortunés, et les arts d’industrie connus parmi des nations plus civilisées furent portés dans les contrées occidentales de l’Europe, et les habitans de ces contrées, encouragés par un commerce libre et profitable, apprirent à multiplier les unes et à perfectionner les autres. Il serait presque impossible de faire l’énumération de toutes les plantes et de tous les animaux qui furent transportés en Europe de l’Asie et de l’Égypte[1] : nous ne parlerons que des principaux, persuadés que ce sujet peut être utile, et qu’il n’est pas indigne de la majesté de l’histoire.

Introduction des fruits, etc.

I. Les fleurs, les herbes et les fruits, qui croissent aujourd’hui dans nos jardins, sont, pour la plupart, d’extraction étrangère, comme il paraît souvent par le nom qui leur a été conservé. La pomme était une production naturelle de l’Italie ; et lorsque les Romains eurent connu le goût plus délicat de la pêche, de l’abricot, de la grenade, du citron et de l’orange, ils donnèrent le nom de pomme à tous ces nouveaux fruits, et ne les distinguèrent que par le nom du pays d’où ils avaient été transplantés.

  1. Selon toutes les apparences, les Grecs et les Phéniciens portèrent de nouveaux arts et des productions nouvelle dans le voisinage de Cadix et de Marseille.