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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. II.

gnées, les moyens d’entretenir une correspondance aisée ; mais leur premier objet avait été de faciliter la marche des légions. Les Romains ne se croyaient entièrement maîtres d’une contrée, que lorsqu’elle était devenue, dans toutes ses parties, accessible aux armes et à l’autorité du vainqueur. [Postes.]Des postes régulières, établies dans les provinces, instruisaient en peu de temps le souverain de ce qui se passait dans ses vastes domaines, et portaient de tous côtés ses ordres avec promptitude[1]. On avait distribué, à des distances seulement de cinq ou six milles, des maisons où l’on avait soin d’entretenir quarante chevaux ; et au moyen de ces relais, on pouvait faire environ cent milles par jour sur quelque route que ce fût[2]. Pour voyager ainsi, il fallait être autorisé par l’empereur ; mais quoique ces postes n’eussent été instituées que pour le service public, on permettait quelquefois aux citoyens d’en faire usage pour leurs affaires particulières[3].

  1. Procope, in Hist. arcanâ, c. 30. Bergier, Hist. des grands chemins, l. IV. Code Théodosien, l. VIII, tit. V, vol. II, p. 506-563, avec le savant commentaire de Godefroy.
  2. Du temps de Théodose, Caesarius, magistrat d’un rang élevé, se rendit en poste d’Antioche à Constantinople : il se mit en route le soir, passa le lendemain au soir en Cappadoce, à cinquante-cinq lieues d’Antioche, et arriva le sixième jour à Constantinople, vers le milieu de la journée. Le chemin était de sept cent vingt-cinq milles romains, environ six cent soixante-cinq milles anglais. Voy. Libanius, orat. XXI ; et les Itinéraires, p. 572-581.
  3. Pline, quoique ministre et favori de l’empereur, s’ex-