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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. I.

sous le gouvernement d’un ordre religieux et militaire.

Idée générale de l’Empire romain.

Cette longue énumération des provinces d’un empire dont les débris ont formé tant de royaumes si puissans, rendrait presque excusable à nos yeux la vanité ou l’ignorance des anciens. Éblouis par l’immense domination, la puissance irrésistible, la modération réelle ou affectée des empereurs, ils se croyaient permis de mépriser ces contrées éloignées, qu’ils avaient laissé jouir d’une indépendance barbare ; souvent même ils affectaient d’en méconnaître le nom : insensiblement ils s’accoutumèrent à confondre la monarchie romaine avec le globe de la terre[1]. Mais ces idées vagues et peu exactes ne conviennent pas à un historien moderne : guidé par des connaissances plus sûres, il est en état de présenter à ses lecteurs un tableau mieux proportionné, en leur faisant observer que l’empire avait plus de deux mille milles de large depuis le mur d’Antonin et les limites septentrionales de la Dacie jusqu’au mont Atlas et jusqu’au tropique du Cancer, et qu’il s’étendait en longueur dans un espace de plus de trois mille milles depuis l’Euphrate jusqu’à l’Océan occidental. Il était situé dans les plus beaux lieux de la zone tempérée, entre le 24e et le 56e degré de latitude nord. Enfin, on évaluait son étendue à peu

  1. Bergier, Hist. des grands chemins, l. III, c. 1, 2, 3, 4, ouvrage rempli de recherches très-utiles.