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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. I.

couvertes des colonies florissantes des Grecs. Il faut remarquer que lorsque Auguste partagea l’Italie en onze régions, la petite province d’Istrie fut comprise dans le nombre, et se trouva jointe au siége de la souveraineté romaine[1].

Le Danube et la frontière d’Illyrie.

Les provinces de l’empire en Europe étaient défendues par le Rhin et le Danube. Ces deux beaux fleuves prennent leur source à la distance de trente milles l’un de l’autre. Le Danube, dans un cours de plus de treize cents milles de long, presque toujours vers le sud-est, reçoit le tribut de soixante rivières navigables, et se jette ensuite par six embouchures dans le Pont-Euxin, qui paraît à peine assez vaste pour recevoir une telle masse d’eau[2]. Les provinces qu’arrose le Danube furent bientôt désignées sous le nom général d’Illyrie ou de frontière illyrienne[3], et regardées comme les plus guerrières de l’empire : mais elles méritent bien que nous les considérions dans leurs principales divisions : la Rhétie, la Norique, la Pannonie, la Dalmatie, la Mœsie, la Thrace, la Macédoine et la Grèce.

Rhétie.

La province de Rhétie, habitée autrefois par les

  1. Pline (Hist. nat. l. III) suit la division d’Italie par l’empereur Auguste.
  2. Tournefort, Voyage en Grèce et en Asie Mineure, lettre XVIII. Voyez M. de Buffon, Hist. nat. t. I, p. 411.
  3. Le nom d’Illyrie appartenait originairement aux côtes de la mer Adriatique ; les Romains l’étendirent par degrés depuis les Alpes jusqu’au Pont-Euxin. (Voyez Severini, Pannonia, l. I, c. 3.)