à craindre. Je crus qu’il n’y avoit de
meilleur parti à prendre que celui de
la preſenter à la Piſcine, & ſans entrer
dans aucun détail avec elle, je voulois
la ſurprendre agréablement. Je ne craignois
pas de lui promettre trop en l’aſſurant
que les plaiſirs qu’elle avoit eûs
juſqu’alors, n’étoient qu’une foible
peinture de ceux qui lui étoient reſervés.
Un ſemblable endroit devoit être
un ſéjour Divin pour un tempérament
tel que le ſien. Cher Ami, me dit-elle,
en m’embraſſant, ne m’abandonne
pas, dis-moi ſi je peux me flatter de
reſter avec toi : ton conſentement ou
ton refus vont décider mon ſort : ſi je
te perds, je ſuis éternellement malheureuſe.
Je l’aſſurai que nous ne nous
quitterions jamais. Je n’ai plus, reprit-elle,
qu’une inquiétude, pardonne ce
dernier effort à un amour dont tu vas
devenir l’unique objet. Je ſentis ce
qu’elle n’oſoit m’avoüer : je lui offris
d’aller m’inſtruire du ſort de ſes Amans,
& de l’effet que ſa fuite avoit produit,
Elle m’en remercia : je la laiſſai dans ma
chambre, & je ſortis en lui promettant
de revenir au plû-tôt.
Je courus la Ville, je m’informai par-tout de ce qu’il pouvoit y avoir de