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Portier des Chartreux.


parlés avec confiance, le Seigneur eſt bon, il voit vos larmes, elles ont eû leur effet, & déja il vous a fait miſéricorde, ouvrés votre cœur à ſon Miniſtre. Elle voulut parler, ſes ſanglots l’en empêcherent, elle tomba évanoüie entre mes bras : embaraſſé de cet accident, j’aurois été aſſez ſot pour aller chercher du ſecours ; déja même j’avois fait quelques pas, la refléxion me fit revenir : où vas-tu, me dit-elle, attens-tu une plus belle occaſion. Je m’aprochai de ma Devote, je la délaſſai, je lui découvris la gorge : jamais plus beau ſein ne s’étoit offert à ma vûë, en écartant ſa robe & ſa chemiſe, je crus ouvrir le Paradis. Je fixai mes yeux ſur deux globes gros, blancs & fermes comme le marbre : j’avois beau les preſſer, je ne pouvois les faire toucher, je les baiſois, je les preſſois contre mes jouës, je collois ma bouche ſur ſa bouche, je rechauffois ſon ſouffle. Sur le champ emporté par un mouvement dont je n’aurois pû me rendre raiſon à moi-même je courus à la porte de la ruë : j’affectai de l’ouvrir & de la refermer, comme ſi je venois de conduire quelqu’un dehors, je revins à ma Devote, je la pris dans mes bras, je la preſſai a-

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